J’ai le privilège de partager ma vie avec une artiste, depuis bientôt vingt ans. Je peux suivre la constitution de ses œuvres au jour le jour et nous en discutons régulièrement. C’est la source de toutes mes réflexions sur l’art. Je lui ai déjà consacré un texte, autour d’une œuvre significative de l’ensemble de sa démarche.
Depuis quelques temps, après une assez longue période presque exclusivement consacrée à l’art vidéo de montage poétique et d’animation numérique, Ulla Rousse reprend la pratique manuelle. L’ensemble de linogravures sur papier cristal et leur boîte, présenté ci-dessus, est l’une de ses toutes dernières œuvres. Ces linogravures, en noir sur papier cristal, représentent différentes espèces de poissons : sur chaque feuille, un individu, chacun différemment disposé dans l’espace graphique et de taille variable. Seize feuillets carrés, de 29 x 29 cm, sont ainsi superposés dans leur boîte de carton gris, façonnée et assemblée à la main, en une œuvre unique.
La translucidité du papier cristal, ainsi que du couvercle, permet qu’une certaine profondeur opalescente soit l’une des façons possibles de considérer l’ensemble. Mais les feuillets ne sont pas attachés et l’on peut aussi les regarder un à un, ou étalés côte à côte. Cette modulation, cette maniabilité diverse, est caractéristique de l’ensemble de la démarche de Ulla Rousse.
L’autre aspect important est la tension entre l’unicité de l’œuvre et sa possible reproductibilité en multiples ; soit faits également à la main, ce qui implique des variations involontaires, assumées dans l’effort de répétition d’un même prototype ; soit édités, par exemple dans le cas d’œuvres conçues numériquement, dont des tirages papiers peuvent par ailleurs être réalisés et présentés avec divers supports plus ou moins retravaillés.
Comme dans ses films, Ulla Rousse pratique ici le montage : procurer au spectateur, appelé à pratiquer lui-même l’œuvre, l’expérience d’une image vivante, constituée par le jeu de son désir, de son imagination et des éléments matériels fabriqués, donnés selon une certaine disposition modulable.
À suivre…
Ulla Rousse, photographie d’une gravure en cours
A quand un texte sur Pascal Rousse, philosophe 😉 ?
Si tu écris un texte sur moi, peux-tu utiliser un pseudo 😉 ?
Bises
Colas
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Cher Colas,
Je suis toujours très heureux de pouvoir me rendre utile à mes amies et amis ! 😀
Signé : Galibi
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Je voulais dire pour moi le pseudo 😉
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Le moi existe-t-il ? 😉
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Ne voulais-tu pas dire : « Le moi est-il réel ? » 😉
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C’est encore une autre question, qui permet de prolonger le plaisir de la discussion ! 🙂
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Et moi, un peu (euphémisme) paumée dans les clics, je t’avais écrit quand tu avais publié ceci que l’art, comme on sait, n’était pas forcément la beauté (je vais me garder du mot « Beau » avec majuscule), mais que la beauté non seulement est agréable, et que, de plus, elle repose. Ce n’est bien sûr pas le seul aspect des œuvres d’Ulla Rousse, la beauté, mais c’est celui qui m’a fait respirer le jour où j’ai vu l’article.
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Que cette beauté repose est un très beau et très poétique compliment !
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Merci pour ce bel aperçu du travail d’Ulla, qui me touche, mais tu t’en doutes ! :-).
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Merci mon cher, j’en suis très heureux ! 😉
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