Puissance des moyens esthétiques

Alfred Eisenstaedt, Joseph Goebbels, Société des Nations, Genève, 1933

Les professionnels de la propagande moderne l’avaient compris, comme Edward Bernays, neveu de Freud, ou Goebbels, mais aussi, de l’autre côté de la barricade, Serge Tchakhotine et des philosophes tels que Walter Benjamin, Adorno ou Guy Debord : les moyens esthétiques ne forment pas seulement une simple « superstructure », un reflet déformé des rapports sociaux de production, un voile idéologique qu’il suffirait de soulever pour découvrir la seule réalité économique (« l’infrastructure »), mais participent bien du rapport social en soi, en tant que partage du sensible, comme on pourrait le dire avec Jacques Rancière ; ils constituent des forces productives et déterminent le mode de production, notamment par les industries culturelles, ils produisent de la valeur, une forme et une force d’action, un pouvoir à la disposition des médias et de la réclame, mais aussi une puissance critique et politique de création et de transformation du monde.

Alfred Eisenstaedt, Joseph Goebbels, Société des Nations, Genève, 1933 : il vient d’apprendre à l’instant que le photographe est d’ascendance juive

Alfred Eisenstaedt, le maître du Leïca 35 mm, Londres, 1932

A propos Pascal Rousse

Je suis docteur en philosophie, professeur certifié d'arts plastiques en collège à Paris et chercheur indépendant. Mes recherches en philosophie de l'art portent sur le cinéaste soviétique Serguei M. Eisenstein, le montage, la modernité et le modernisme.
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