Faire, inventer, travailler

Ce blog a pour but de faire partager la construction d’une réflexion sur les nouveaux enjeux de l’art. Je considère que l’art est appelé à exercer une fonction centrale dans la civilisation à venir. Je parle ici de l’art, non seulement comme ensemble de « biens culturels » et non seulement comme la production isolée d’un individu. J’entends m’intéresser à toutes les réalités artistiques, y compris sociales et politiques, dans leur cohérence, comme la matrice de la vie présente et à venir.

Je donne ces précisions pour insister sur le statut relatif des commentaires que j’ai fait et ferai sur l’économie et le/la politique. Ils s’inscrivent dans le même horizon, même s’ils sont aussi l’occasion de faire connaître une opinion personnelle.

La relation, ou l’opposition pour certains, entre activité artistique et travail est devenue un problème clé. La crise endémique des intermittents du spectacle en est un exemple caractéristique. Certains ont peut-être eu connaissance de l’opposition proposée par Luc Boltanski et Eve Chiapello entre « critique sociale » et « critique artiste », assez discutable mais qui a le mérite de situer un enjeu. C’est surtout Pierre-Michel Menger qui aborde en France cette question dans toute sa complexité sociologique.

Or, j’ai déjà dit que, pour penser ces enjeux dans leur dimension globale, il faut partir d’André Gorz. Le fil conducteur de sa pensée est l’inexorable recul du travail. Ce qui implique un véritable partage du temps restant, nécessaire à la satisfaction sociale des besoins communs, et la libération d’un temps de loisir (otium) qui aie du sens. L’art est la matrice de la capacité humaine à vivre en liberté.

L’échec partiel de la loi des 35 heures a occulté dans l’opinion le thème du partage du temps. Récemment, Michel Rocard a repris, presque mot pour mot sans le mentionner, les propositions très concrètes d’André Gorz. Voici, avec cette intervention de Jean-Baptiste de Foucauld, un nouvel exemple du cheminement de cette idée. Il parle aussi dans les mêmes termes qu’André Gorz de « travail de qualité qui aie du sens à temps choisi » (vers la 10e minute) :

A propos Pascal Rousse

Je suis docteur en philosophie, professeur certifié d'arts plastiques en collège à Paris et chercheur indépendant. Mes recherches en philosophie de l'art portent sur le cinéaste soviétique Serguei M. Eisenstein, le montage, la modernité et le modernisme.
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2 commentaires pour Faire, inventer, travailler

  1. ericthuillier dit :

    Je crois comme vous que l’art est l’enjeu fondamental et que ce n’est pas forcément lui fixer un cap utilitaire d’imaginer qu’il est impossible de repenser les cadres politiques sans lui. Je crois aussi que faire comprendre et rendre active cette conception dans le champ social est un combat difficile autant qu’il est indispensable et passionnant. Combat qui sans doute a besoin d’être épaulé, d’amorcer une dialectique avec le combat purement social ou sociétal. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, je crains d’en dire parfois des choses un peu brutales et me réjouis fort de pouvoir être corrigé par vous. A défaut de pouvoir y contribuer, vous pouvez compter sur moi pour suivre vos réflexions et m’en nourrir.

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